“Astral Weeks” de Van Morrison – Le Top 5

 

“Astral Weeks” de Van Morrison fait également partie de mon Top 5.

 

 

Cette chanson n’est pas vraiment une chanson…

 

C’est plutôt un voyage, un rêve, une invitation…

 

La rythmique répétitive impulsée par la guitare, la flûte, les percussions et la basse créent un univers insolite : j’ai vraiment l’impression d’être dans un train passant à travers champs, croisant des vaches, des moutons, des arbres d’un vert éclatant…

 

C’est l’image qui me vient lorsque j’écoute “Astral Weeks”. Elle a un pouvoir apaisant… Je pense qu’aucune autre chanson n’a cet effet sur moi. Cela fait d’ailleurs des lustres que je l’utilise comme sonnerie de portable histoire d’être bien détendue pour répondre à mes correspondants ! :p

 

Je suis donc Van Morrison à bord de ce train qui m’emmène je ne sais où ! Dans ma tête, je vois des couleurs vives partout, des champs, des forêts et un immense ciel bleu. La douce chaleur des rayons de soleil me caresse le visage… Le train poursuit sa course effrenée mais je suis paisible… A demi somnolente, dans ma bulle, tout me paraît parfait…

Puis, le train s’élève dans les hauteurs, enlace une montagne au sommet de laquelle j’aperçois une petite maison avec une cheminée et une petite fumée synonyme de quiétude et de réconfort…

Mon train continue encore et toujours son ascension… ralentit parfois pour mieux aborder les flancs les plus délicats…

 

J’effectue un zoom arrière tout doucement… je me vois dans ce train vu de l’intérieur… puis, je me vois depuis l’extérieur, tout près de la vitre… je recule encore, le train commence à rapetisser… j’aperçois mieux la montagne, ses lacets et sa toute petite maison là-haut… La cheminée fume toujours et je me vois toute petite dans ce train… qui grimpe… qui grimpe…

 

 

Van Morrison conclut mon rêve sur quelques notes de guitare et un final au violoncelle…

“C’est bon, vous pouvez revenir me déranger…”

 

Je sais que j’ai une imagination débordante et que je suis parfois souvent naïve mais j’aime penser que Van Morrison est aussi un doux rêveur. Si je pouvais avoir un point commun avec ce grand homme, alors je serais comblée.

 

 

Van Morrison est un génie…

Sérieux et travailleur, il laisse pourtant une grande place à l’improvisation et cette chanson a ainsi été enregistrée en une prise. L’album lui-même a été produit en 1968, en seulement quinze jours avec des musiciens professionnels. La règle, c’était qu’il n’y avait pas de règles ! Les musiciens avaient les partitions mais celles-ci étant relativement dépouillées, cela leur a permis de prendre beaucoup d’initiatives.

La chanson et l’album dans son ensemble n’en sont que meilleurs.

 

 

Quant à la voix de Van Morrison, elle est sur le fil. Parfois, elle déraille légèrement…

Il s’aventure là où d’autres préfèrent rester dans le confort des morceaux faciles à chanter. Il grimpe tout en haut dans les aigus…à l’instar de mon train !

Et quel magnifique phrasé… quel sens du rythme…

 

Il ose mélanger folk, blues, jazz et gospel… Il ose se détacher des majors pour produire son disque… Il n’a peur de rien ! Il impose ses convictions ! :p

 

Forcément, il a influencé des centaines d’artistes qui se sont laissés envoûter par son univers onirique et hautement spirituel. Forcément, certains ont tenté de l’imiter mais n’y sont jamais arrivés…

 

Même si j’ai été un peu déçue par son dernier album où il réinterprète “Astral Weeks” [“Live At Hollywood Bowl” sorti en 2009], l’écoute de la version originale me remet chaque fois sur les rails… 

 

“We Belong Together” de Rickie Lee Jones – Le Top 5

 

Je continue mon TOP 5 avec la chanson “We Belong Together” de Rickie Lee Jones.

 

Comme vous le savez, je vénère cette artiste dont la voix est restée intacte malgré ses 55 ans et ses 30 ans de carrière.

 

“We Belong Together”, c’est une histoire d’amour-passion et une aventure ! On y retrouve des personnages comme James Dean, Marlon Brando et Nathalie Wood dans un remix de Rebel Without A Cause (La Fureur de Vivre) et West Side Story arrangé à la sauce Rickie !

 

L’album “Pirates” duquel est extraite cette chanson, est son deuxième album (1981). Il est bien plus sombre que le premier : “Rickie Lee Jones” sorti en 1979. En effet, “Pirates” est né de sa rupture avec Tom Waits (Il est d’ailleurs au coeur de la chanson “A Lucky Guy”).

 

 

Sur cette chanson, on retrouve l’univers rebelle-bohème de l’artiste. Elle joue avec le volume de sa voix, son rythme et sa respiration. Et surtout, elle nous raconte une histoire ; celle d’un amour passionnel, de la collision entre deux êtres et de tout ce que cela implique de coeurs déchirés, de moments intenses et de souvenirs inoubliables.

 

Lorsque l’on écoute cette chanson pour la première fois, on a l’impression d’embarquer sur des montagnes russes. Rickie alterne douceur et violence, patience et impulsivité à l’instar de l’histoire qu’elle raconte et qui l’a elle-même ravagée.

 

Le piano et la batterie jouent un rôle primordial. Le premier est un conteur, un fil rouge présent du début à la fin du morceau. La seconde exprime les différentes convulsions de cette love story torturée.

 

Récemment, j’ai lu une review de 1981 sur l’album “Pirates”, écrite par Stephen Holden pour le magazine Rolling Stone. Le journaliste comparait les sonorités de “We Belong Together” à celles que l’on retrouve sur “The Wild, The Innocent & The E-Street Shuffle” de Springsteen et ‘”Astral Weeks” de Van Morrison. Du coup, je commence à me dire que mon Top 5 est cohérent puisque “Astral Weeks” y figure également…
 

De tou(te)s les artistes que j’admire, Rickie Lee Jones est celle avec laquelle j’entretiens la relation la plus étrange.

J’ai d’abord découvert son premier album quand j’avais 15-16 ans. Ce devait être en 2000, il me semble. J’ai eu un coup de foudre, un vrai ! Je ne me suis jamais lassée de cet album (et ne m’en lasserai jamais…). Je l’ai écouté dix fois, cent fois, mille fois ! J’ai appris par coeur les paroles et calqué sa façon de chanter si atypique et si authentique…

Elle était ce que je voulais devenir : décalée, bohème, généreuse, positive, croquant la vie à pleines dents…

 

 

Après un détour par “It’s Like This” (2000) et un coup de coeur pour sa reprise de “For No One” des Beatles, je suis tombée sur “Pirates”… Et là, deuxième coup de foudre !

Avec cet album, elle me laissait entrer dans son esprit. Elle voulait me faire comprendre ce qu’elle ressentait, ce qui la faisait souffrir… Quel choc ! Tant de noirceur, de souffrance, de déceptions mais aussi tant d’espoir, de courage et de dignité ! Je l’ai trouvée épatante… :O

 

Ensuite, je me suis procurée “The Evening Of My Best Day” (2003). J’ai craqué pour “Little Mysteries”, “A Tree On Allenford” et “A Face In The Crowd” et j’ai poursuivi ma quête.

Une petite pause sur l’album “Pop Pop” (1991) qui me fait l’effet d’une improvisation dans la douceur d’une soirée d’été… grisant, envoûtant…

Puis, j’ai enchaîné sur “Magazine” (1984). Quel régal ! Avec ce morceau instrumental en guise d’introduction sur “Prelude To Gravity”…

“Gravity”, “Juke Box Fury”, “Magazine”, “The Real End” et “Runaround” m’ont conquise.

 

Aujourd’hui, je continue sur ma lancée avec “Flying Cowboys” (1989), “Naked Songs” (1995) ou le très récent (et très réussi) “Balm In Gilead” (2009). Rickie Lee Jones m’étonnera toujours par son ouverture d’esprit et ses audaces musicales. Elle refuse toute étiquette, ne correspondra jamais à UN genre musical, préférant s’amuser plutôt que convaincre le grand public…

 

 

Je m’identifie toujours autant à elle. Je me retrouve dans son imagination débridée et loufoque, dans son esprit ambivalent, dans sa conception de la vie, dans son attrait pour le jazz, le blues, la country, la folk… Elle est mon double (en bien plus célèbre et un peu plus âgé :p).

 

Je sais qu’il me reste encore pas mal d’albums à écouter mais je prends mon temps. Rickie Lee Jones et moi, c’est pour la vie et je veux savourer chaque minute…

 

“New York City Serenade” de Bruce Springsteen – Le Top 5

 

Je me suis rendue compte que je ne vous avais jamais fait mon TOP 5 des chansons.

 

Cela fait très longtemps que j’y réfléchis. Le classement bouge pas mal selon les périodes, les humeurs et les aléas de la vie mais il y a au moins 5 chansons qui m’accompagneront toute ma vie…

 

Les voici dans le désordre (l’ordre importe peu en fait) : une par jour sur le modèle des séries…

 

Chacune d’entre elles me rappelle des souvenirs, des proches, des évènements, des fous rires, des pleurs, des doutes, des bêtises, des rêves…

Si ma vie était un film (déjà, on s’ennuirait pas mal !! N’allez pas voir ce film ! ^^), elles en seraient la bande-son !

 

On commence avec “New York City Serenade” de Bruce Springsteen.

 

 

Cette chanson est immortelle.

On sait que l’histoire se passe à New York, que la musique est le centre de l’aventure. Le protagoniste fait des rencontres, on le suit. On se laisse embarquer par la mélodie toujours inattendue, par la voix du Boss, par l’émotion provoquée par chacun des instruments.

 

 

On la trouve tout à la fin du deuxième album “The Wild,The Innocent & The E-Street Shuffle” paru en 1973. C’est d’ailleurs mon album préféré du Boss : très jazzy, un peu orchestre, un peu saltimbanque, démontrant déjà une grande habileté dans l’écriture du haut de ses 24 ans (comme moi!). Sa voix est légèrement rugueuse mais toujours souple. Il joue beaucoup avec sa respiration (tout comme Rickie Lee Jones…).

Le E-Street Band est en parfaite osmose.

 

 

La chanson commence par quelques notes de guitare… très vite remplacée par le piano qui donne le ton du morceau : tantôt doux, tantôt puissant…

La guitare revient, fière et délicate alors que les percussions démarrent presque timidement et se font sensuelles…

La voix de Bruce se pose telle une plume tombée du ciel.

L’orgue donne à l’ensemble un côté inaccessible…

Puis, les chœurs, les mains qui frappent, le rythme qui s’emballe… mon pouls s’accélère…

 

Le piano ramène le calme, nous laisse le temps de reprendre notre souffle …  Pour l’instant, on profite de cette douce ivresse… Mais ça bout là-dessous… Les instruments s’impatientent… Et toujours le rythme lascif des percussions…

 

J’ai l’impression d’entendre une symphonie. J’ai beau connaître chaque note par cœur, j’arrive encore à découvrir un cliquetis de triangle inattendu par ci, un coup de tambourin par là.

 

Un petit interlude qui tranquillise… On croît que le morceau s’arrête… Tout est calme…

 

Puis, tout doucement, progressivement, on est reparti… Bruce nous embarque pour une autre envolée musicale ! Et là, je flotte… mais genre vraiment je flotte… je suis dans ma bulle, il n’y a personne autour… totalement déconnectée ce qui se passe autour de moi… je domine le monde…

 

 

Mais alors que je me crois invulnérable, Clarence Clemons entame son solo de saxo et me fait littéralement décoller… Je me sens d’un coup hypersensible… grosse envie de pleurer…

 

Le soufflé retombe tout en douceur… les instruments disparaissent les uns après les autres… ne restent bientôt plus que les violons et le piano…

 

On termine le morceau comme on l’avait commencé : des cordes et des touches noires et blanches… La boucle est bouclée…

 

J’ai vécu une centaine d’ascenseurs émotionnels en l’espace de 10 minutes.

Magistral…