Katie Melua Interview - © Audrey Bongat - www.la-brucette.com

[Interview] Katie Melua – “Ketevan”

Depuis 10 ans, Katie Melua nous berce avec sa voix délicate et ses mélodies douces.

Le 16 septembre dernier, elle publiait un sixième album très personnel intitulé “Ketevan”, en référence à son prénom géorgien.

Produit par Mike Batt, son acolyte de toujours, et Luke Batt, le fils de Mike, le résultat est varié, du blues sensuel de “Shiver and Shake”, à la pop vintage de “Mad, Mad Men” en passant par la ballade avec “I Never Fall”.

 

Jeudi dernier, j’ai eu la chance de rencontrer la plus géorgienne des anglaises…

 

 

Il y a 10 ans, tu sortais ton premier album “Call Off The Search”. Qu’est-ce qui a changé en toi et dans ta musique depuis cet album ? As-tu l’impression d’être une Katie différente de celle que tu étais il y a 10 ans ?

Oui bien sûr ! L’expérience m’a fait changer. Avant, j’avais un peu d’expérience mais tout ce qui m’est arrivé depuis 10 ans a ajouté de nouvelles facettes à mon caractère, en me construisant au fur et à mesure.

En réalité, c’est ma musique qui a le plus changé avec le temps. On apprend tellement, à chaque concert, en jouant avec différents musiciens, avec son propre groupe, à chaque nouvel album, en travaillant avec différents producteurs. J’ai travaillé principalement avec Mike Batt, mais également avec William Orbit. C’est difficile de repérer avec exactitude les changements qui se sont opérés. Le mieux est encore de comparer le premier album « Call Off The Search » avec le dernier album « Ketevan ».

 

Justement, sur ton dernier album « Ketevan », tu sembles plus libre. Tu te dévoiles davantage. Est-ce que c’est ce que tu voulais créer sur cet album ou t’en es-tu aperçue après coup ?

Je n’avais pas fixé d’objectifs pour cet album. J’avais simplement quelques envies. Je voulais vraiment revenir à l’écriture car cela faisait longtemps que je ne m’étais pas prêtée à l’exercice. Je voulais également capturer le côté plus énergique et vocal de ce que je fais sur scène, ce que je n’avais jamais réussi à faire sur un album auparavant. Avec cet album, j’ai vraiment la sensation que nous sommes enfin arrivés à capturer cette énergie. Et bien sûr, je voulais jeter un coup d’œil en arrière, retrouver mes racines géorgiennes, faire mon bilan de ces 10 ans de carrière.

 

Il y a un peu de chacun de tes albums dans « Ketevan » ?

Oui, il me semble et c’est aussi la raison pour laquelle les morceaux sont très différents les uns des autres sur cet album.

 

Katie Melua - Ketevan

 

Tu as débuté grâce à l’aide de Mike Batt, qui est devenu ton binôme d’écriture mais également ton producteur et manager. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Je l’ai rencontré alors que j’étudiais à la BRIT School, une école de musique en Angleterre. Tous les mardis, l’école organisait des auditions. Des professionnels de l’industrie musicale venaient à la recherche de nouveaux talents : musiciens, chanteurs, acteurs…  Mike est venu au début de ma deuxième année. Je venais juste d’apprendre à jouer de la guitare pour accompagner la chanson que j’avais écrite en hommage à Eva Cassidy. Mike est un grand fan d’Eva Cassidy. Cela nous a rapprochés. Je lui ai joué mes chansons et il a été emballé.

Ensuite, il m’a invité chez lui avec ma mère pour écouter ses compositions. J’avais seulement 18 ans. J’ai grandi avec la génération « pop », celle qui a adulé les Spice Girls, Britney Spears… Je n’avais jamais vraiment été exposée à de la musique acoustique ou à des morceaux à la construction plus traditionnelle. Mike nous a présenté des chansons sublimes: « Call Off The Search », « My Aphrodisiac Is You », des morceaux avec une influence très jazz-blues. Nous avons commencé à travailler dans son studio et petit à petit, nous sommes devenus amis et on a réalisé que notre collaboration était productive.

 

Sur cet album, tu travailles également avec le fils de Mike, Luke !

Luke avait 14 ans quand je l’ai rencontré pour la première fois. Il a bien évidemment hérité de connaissances musicales solides par son père mais il a surtout amené son propre univers sur cet album. Il a apporté quelque chose de neuf vu son âge, la génération dans laquelle il a grandi. Nous avons commencé à travailler ensemble sur mon précédent album « Secret Symphony » dont il était l’ingénieur du son. Il est très pointu techniquement. Il apporte une grande attention à la position des microphones par exemple. Il vérifie sans cesse que le son soit bien capturé. Il est vraiment doué.

Alors que nous terminions « Secret Symphony », nous cherchions d’autres titres à insérer sur l’album. Nous en avions un en particulier que nous voulions ajouter. Nous l’avons donné à Luke pour qu’il le mixe, histoire de faire un test. Le résultat était superbe mais le son ne correspondait pas à l’ambiance de « Secret Symphony ». C’était le morceau « Sailing Ships from Heaven ».  Nous avons donc repris ce morceau comme base de l’album « Ketevan ».

Le travail formidable que Luke a fait avec l’album « Secret Symphony » a apporté beaucoup de fraîcheur à la collaboration entre Mike et moi et nous voulions garder cela sur « Ketevan ».

 

C’est une collaboration que l’on retrouvera sur tes prochains albums, ce trio créatif ?

Oui, pourquoi pas ! Ce n’est définitivement pas quelque chose que je peux refuser ! Je suis si fière de l’album. Et l’écriture a été très intéressante. Mike m’y a beaucoup encouragée. Cela s’est avéré plus difficile pour moi que ce à quoi je m’attendais. J’ai mis du temps à apprendre. J’ai travaillé avec Mike et Luke mais j’ai également appris avec Toby Jepson. Ce furent d’excellentes collaborations.

 

Katie Melua - Ketevan © Audrey Bongat - www.la-brucette.com

 

As-tu une chanson préférée sur cet album ?

Non pas vraiment, c’est difficile de choisir ! J’aime « Shiver and Shake », « Love I’m Frightened Of », « I Never Fall »…

 

A ce propos, “I Never Fall” est une chanson particulièrement étonnante. Pourrais-tu en expliquer l’origine?

Cette chanson a été inspirée par deux choses. Tout d’abord, l’année dernière, j’ai découvert chez un ami un tableau représentant une personne au bord de ce qui semblait être une montagne. Le tableau était assez déroutant. On ne savait pas vraiment si la personne tombait ou sautait, quelle était l’histoire de ce personnage. Par ailleurs, je me suis toujours intéressée aux subtilités de langage. Etant bilingue, je m’interroge toujours sur l’origine de certaines expressions, comment elles ont été construites. C’est le cas de l’expression « Tomber amoureux ». Pourquoi dit-on « TOMBER amoureux » ? Cela implique tellement de choses. Je voulais décortiquer cela et jouer avec, linguistiquement parlant. Donc je ne « tombe » pas amoureuse, je « saute » amoureuse !

 

Extrait I Never Fall

 

On retrouve également cette façon de jouer avec les mots dans l’écriture de Mike Batt.

Oui, Mike est fort à ce jeu-là. C’est une façon particulière d’écrire. Toby Jepson m’en a également apprise une autre : ne pas rentrer pas les détails, donner simplement l’impression générale. Ce sont deux manières très différentes d’écrire et je les trouve toutes les deux vraiment passionnantes.

 

Aurais-tu un conseil à donner aux musiciens et artistes qui se lancent et rêvent d’une carrière comme la tienne ?

Quand on me pose cette question, en général je réponds de façon assez dramatique. Pour réussir, il faut se sentir capable de tuer, de sacrifier tout ce que tu as et de te concentrer uniquement sur cet objectif.  Ma réponse s’applique à tous les domaines et pas seulement au fait de devenir artiste. Il y a tellement de personnes talentueuses. Il faut proposer quelque chose d’unique : trouver en quoi les autres ne sont « pas doués », quelque chose que TU fais vraiment bien. Je ne sais pas exactement ce que je fais mieux que les autres, peut-être que je ne fais rien de mieux… Peut-être simplement que ce que je propose est différent et que c’est ce qui encourage les gens à venir vers moi.

 

Depuis le début, tu es sous le label « Dramatico », le label créé par Mike Batt. En quoi ce label t’a-t-il aidé à te lancer ?

C’est vraiment agréable d’être indépendant. Lorsque j’ai commencé, il n’y avait que le bureau de Mike et deux personnes travaillaient pour le label. Maintenant, il y a 13 personnes dans le label. Vu que c’est un petit label, je fais partie de leurs artistes les plus importants. L’attention et le soutien qu’ils me portent constamment sont précieux. Comme il n’y a pas d’actionnaires, pas de conseil d’administration, je collabore directement avec Mike. Je n’ai qu’à lui passer un coup de fil : « Mike, peut-on sortir ce morceau-là en single ? ». Il me dit « oui » ou « non ». Je peux ensuite essayer de le convaincre directement. C’est aussi simple que cela !

 

Katie Melua

 

Selon toi, à quel point un artiste doit-il garder le contrôle sur sa musique ?

Je pense que cela dépend des objectifs de l’artiste.

Dans mon cas, j’ai évidemment le contrôle sur ma musique mais Mike en est tout autant propriétaire de que moi. C’est un duo. Nous apportons autant l’un que l’autre dans le processus créatif.

Pour un artiste ne souhaitant pas partager cette phase avec d’autres, ceux qui aiment avoir un contrôle total, ceux qui ont la conviction que leur message et leur art ne peuvent pas être améliorés grâce à l’aide d’une autre personne, je recommande chaudement de se tourner vers un label indépendant. A contrario, pour ceux qui aiment créer des liens et travailler en équipe, et qui n’ont pas de soucis pour mettre leur égo de côté, alors l’association est la meilleure solution. Quelques-unes des plus belles chansons qui existent ont été créées par des duos ou des trios d’auteurs-compositeurs.

 

Tu te situes donc dans cette deuxième catégorie. Où en serais-tu si tu n’avais pas travaillé avec Mike ?

Je n’en serai pas du tout au même point, je pense. Depuis que je suis toute petite, mon seul objectif est de travailler dans la musique. Je ne savais pas si je deviendrais chanteuse, ou même si je serais sur scène ou en coulisses, si j’allais écrire des chansons, produire ou travailler chez un disquaire. Je pense que si je n’avais pas travaillé avec Mike, je travaillerais malgré tout dans l’industrie musicale. Mais où ? C’est la grande question !

 

Quelle est ta relation avec les réseaux sociaux ? Facebook ? Twitter ?

La page Facebook est gérée par l’entreprise qui s’occupe de mon site Internet. Ils mettent des liens vers tout ce que je fais et reprennent certains de mes tweets. De mon côté, je tweete tout le temps. Parfois, je m’arrête un peu pour éviter d’être sans arrêt dessus. Mais pour moi, Twitter est un moyen d’accéder directement  à mes fans. Certaines semaines, j’ai beaucoup de choses à tweeter, d’autres semaines non. C’est important de ne pas devenir l’esclave de cet outil. Il faut le faire quand on en a envie et si on se sent à l’aise pour écrire, prendre des photos…

 

Katie Melua - Official Twitter

 

Justement, c’est le cas de certains artistes qui ne se sentent pas forcément à l’aise à l’idée de partager leur quotidien par ce biais.

De mon côté, je considère comme un privilège le fait d’être en contact direct avec les gens qui s’intéressent à ma musique. Ils peuvent me poser des questions, c’est instantané ! C’est surtout la première fois dans l’Histoire que l’on est capable de partager autant et aussi vite. C’est excitant d’être au cœur de cette étape majeure de l’évolution technologique. Je me sens très chanceuse de pouvoir profiter de cette révolution.

 

Terminons cette interview par quelques questions un peu plus légères…

En 2006, tu es entrée au Livre Guinness des Records pour avoir joué le concert le plus bas sous le niveau de la mer [-303m]. Quel sera ton prochain record ?

L’autre fois, mon mari regardait cette chaîne de Sports Extrêmes, vous savez, à la « Jackass » !  Il y avait un couple sur une moto et il avait des parachutes sur le dos. Ils ont pris de l’élan avec la moto et ils ont sauté d’une falaise. Les parachutes se sont ouverts. J’adorerais faire ça !

Ah oui, quelque chose de plutôt sportif, voire extrême ?

Je n’ai pas vraiment de hobbies « extrêmes » mais j’ai plutôt tendance à dire « oui » dès qu’on me propose quelque chose de nouveau !

 

Cela tombe plutôt bien car je te propose d’inviter 4 personnalités à dîner chez vous (vivantes ou non)! Qui invites-tu ?

Hum… j’aimerais inviter Beethoven car il a écrit mon morceau de musique préféré de tous les temps : « Moonlight Sonata ». J’ai entendu ce morceau pour la première fois à l’âge de 5 ans et il m’a complètement retournée.  J’aimerais également avoir Oscar Wilde et Cate Blanchett, dans son personnage de Bob Dylan. Elle était incroyable !

Et enfin, j’aimerais convier la « Reine Tamar de Géorgie » qui est l’une des plus importantes figures nationales en Géorgie et l’une des premières femmes à avoir gouverné. Ce qui est étonnant, c’est qu’elle n’était pas appelée « Tamar, la Reine » mais « Tamar, le Roi », d’une part car la société était assez sexiste et d’autre part, parce qu’elle avait énormément de pouvoir.

Cela promet d’être un dîner intéressant…

Oui, je pense que les discussions vont être passionnantes ! (rires)

 

Katie Melua Dinner Interview - La Brucette

 

Merci beaucoup pour ton temps et tes réponses, Katie !

On te retrouve bientôt en concert en France ?

Oui !

J’étais vraiment très déçue de devoir repousser mes concerts en début d’année mais je reviendrai début Décembre pour une série de concerts et je serai à Paris le 2 décembre.

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Retrouvez également Katie Melua sur sa page Facebook, ainsi que sur Twitter !

Vous pouvez également acheter son album ci-dessous :

Interview Katie Melua | La Brucette

Encore une fois, un grand merci à David pour cette interview. ;)

Jamie Cullum à la Villette le 12 septembre

[Live Report] Jamie Cullum à La Villette, 12 septembre 2013

Le 12 septembre, Jamie Cullum était en concert à la Grande Halle de la Villette, à l’occasion du festival “Jazz à la Villette”.

 

Affiche Jazz à la Villette 2013

 

Il venait y présenter son dernier album, “Momentum”, perle d’inventivité qui prouve que Jamie aime s’essayer à tous les styles : jazz, pop, électro… tant qu’il s’amuse.

Mais c’est sur scène que son talent et sa créativité font mouche.

Incroyable performer, il donne tout et séduit par son authenticité. Il est parvenu à faire souffler un vent de liberté dans la salle.

 Jamie Cullum à la Villette le 12 septembre

 

Ne s’imposant aucune setlist, il joue au gré de ses envies, mettant à l’épreuve la mémoire et la réactivité de ses musiciens émérites.

Et le courant passe à la perfection avec son public, tant la musique, l’énergie et l’humour sont délicatement associés.

Pendant un concert de Jamie Cullum, on danse, on rit, on est ébahi, on s’amuse… Et parfois, l’émotion nous envahit lorsque l’homme fait place au virtuose et que sa voix devient caresse.

On en ressort avec l’envie de le revoir le plus rapidement possible.

C’était donc un spectacle à ne pas manquer … mais si vous n’avez pas pu y assister, vous pouvez toujours vous rattraper avec l4’extrait proposé par la Philharmonie de Paris.

Jazz à la Villette. Jamie Cullum,

Concert diffusé sur live.philharmoniedeparis.fr

 

Il sera de retour en France le 30 novembre à Nîmes, le 1er décembre à Cenon (33) puis en Février 2014 avec trois dates déjà annoncées : L’Olympia à Paris le 13 février, Caluire et Cuire (69) le 14 février et Lille le 15 février.

 

[Interview] Lindsey Stirling, violoniste danseuse

Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de rencontrer la pétillante Lindsey Stirling dans un joli petit hôtel parisien.

 

Cette violoniste californienne de 27 ans a commencé à jouer du rock dès l’âge de 16 ans alors qu’elle faisait partie du groupe “Stomp on Melvin”. Mais c’est en 2010, qu’elle se fait connaître du grand public en participant à l’émission “America’s Got Talent”, notre équivalent de “La France a un incroyable talent. Elle y présente la particularité de danser en même temps qu’elle joue du violon !

 

Lindsey Stirling

 

Éliminée en quart de finale, Lindsey ne se laisse pas abattre pour autant. L’année suivante,  elle sort son premier clip vidéo pour le morceau “Spontaneous Me” qu’elle publie sur sa chaîne YouTube “Lindsey Stomp“. Dès lors, sa popularité croît rapidement grâce à ses reprises de bandes sons de jeux vidéos ou de films.

 

En Septembre 2012, elle publie son 1er album uniquement composé de créations originales et dans le même temps, elle crée une 2ème chaîne YouTube “Lindsey Time” où elle poste des vidéos drôles sur son quotidien d’artiste et sur la tournée mondiale qu’elle entame dès 2013.

 

Un an après, où en est Lindsey ?

 

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Bonjour Lindsey et merci de m’accueillir !

Vous avez commencé en faisant des reprises. Aujourd’hui, vous sortez votre premier album qui est uniquement composé de chansons originales. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

J’ai toujours aimé écrire mes propres arrangements de morceaux. Mais un jour, j’ai eu envie de créer ma propre musique. Je ne voulais pas seulement faire ce que tout le monde faisait déjà. C’était vraiment agréable de sortir du cadre pour la première fois. Ne pas customiser le travail d’autres à ma façon mais me poser des questions importantes comme « Quel est mon style de musique ? Qu’est-ce que j’aime ? » et de mixer ensemble les éléments de réponse. Par exemple, j’aime la musique classique. J’apprécie également la musique celtique et l‘électro. C’était génial de prendre tous ces styles et de les mélanger pour voir ce qui pouvait en sortir. Je suis vraiment heureuse du résultat. C’est exactement ce que je souhaitais.

 

Comment vos fans ont-ils réagi à ces nouveaux morceaux ?

En fait, dès le début, j’ai alterné reprises et chansons originales. Finalement, aujourd’hui, je garde le même rythme. J’écris de nouvelles compositions entre lesquelles j’incruste des reprises. C’est ce que j’ai toujours fait. Bien qu’un grand nombre de gens ait commencé à me suivre grâce aux reprises, j’ai découvert qu’ils apprécient également mes compositions parce que c’est nouveau et décalé. A vrai dire, cet album a bien plus de succès que je n’aurais pu l’imaginer. Je n’en reviens toujours pas ! Et ça continue de se vendre ! Je suis enchantée de la façon dont cet album a été reçu.

 

 

Votre chaîne YouTube connaît un grand succès avec 3 millions d’abonnés. Comment cette aventure a-t-elle commencé ?

Tout a commencé lorsque j’ai rencontré le réalisateur Devin Graham. Il a cette chaîne YouTube, « devinsupertramp » qui marche vraiment bien. Il m’avait remarqué lors de mon passage sur « America’s Got Talent ». Il m’a contacté via Facebook pour me dire qu’il adorerait travailler avec moi et pour me proposer de réaliser gratuitement un clip pour moi ! J’ai été très étonnée. Il est vraiment très talentueux et il est évident qu’il ne manque pas de projets. J’ai bien sûr accepté. Nous nous sommes rencontrés. Nous avons tourné le clip et il l’a mis sur sa chaîne YouTube. Et pour la première fois, ma musique a commencé à se vendre. Il avait environ 20 000 abonnés à ce moment-là. J’avais essayé tellement de choses différentes pour faire connaître ma musique… J’étais allée voir des labels à Los Angeles, j’avais démarché des agences d’artistes et personne n’était intéressé !

Et tout à coup, des milliers de personnes m’écoutaient et regardaient ma vidéo. J’étais très excitée par tout ça. J’ai décidé d’apprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur YouTube. J’ai suivi des ateliers. J’ai fait des recherches. Et j’ai fini par créer ma propre chaîne YouTube. Et nous voilà ! 3 millions d’abonnés plus tard ! (rires)

 

Vous avez mentionné votre passage dans l’émission « America’s Got Talent ». Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur votre façon de faire de la musique et sur votre attitude ?

Je me souviens que le jury me conseillait de ne pas danser en même temps que je jouais du violon. Ils m’ont conseillé pas mal de choses avec lesquelles je n’étais pas toujours d’accord. Je pense que participer à cette émission m’a permis de réaliser que je ne voulais pas passer ma vie à faire des reprises. J’ai fait beaucoup de reprises pour cette émission et cela n’a pas été aussi enrichissant que je l’espérais. Le jury m’a dit que je devais arrêter de danser parce que je n’étais pas assez douée pour danser et jouer en même temps. A partir de ce moment-là, je me suis dit que je ne voulais plus jamais entendre personne me dire ça. J’ai décidé de travailler très dur. J’ai travaillé jusqu’à devenir suffisamment bonne, histoire que personne ne puisse jamais me faire le même genre de remarques.

Au lieu de les écouter et de baisser les bras, je me suis appuyée sur leurs critiques pour rebondir. Cela signifiait simplement que j’avais besoin de m’améliorer.

 

Vous n’avez jamais pris de cours de danse ?

Non, jamais. Mais je rentre bientôt chez moi, aux Etats-Unis et je vais avoir un peu de temps pour moi. Je vais donc prendre quelques cours. Ce sera mon premier cours de danse ! Je suis très impatiente d’apprendre de nouveaux pas et de pouvoir m’entraîner, devenir plus gracieuse.

 

Lindsey Stirling dance

 

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux et vous postez souvent des photos de votre enfance. Cela semble avoir été un moment particulièrement doux pour vous. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

J’ai eu une enfance merveilleuse. Mes parents nous encourageaient beaucoup à nous exprimer. Ma mère ne travaillait pas et passait énormément de temps avec nous à organiser des activités, faire des loisirs créatifs, nous poussant à exprimer notre créativité. Je me souviens que lorsque j’étais toute petite, elle m’avait appris à créer des costumes pour mes peluches. On peignait ensemble aussi. Je pense que je dois une grande partie de ma créativité à ma mère et à mes parents de façon générale. Ils nous ont tellement soutenus. Cela prend un temps fou aux parents d’essayer de planifier des activités ou ne serait-ce que nettoyer après les projets créatifs des enfants. C’était vraiment important pour mes parents. Je me souviens qu’ils avaient des soucis financiers. Malgré cela, j’ai vraiment eu une enfance fabuleuse car nous étions très unis.

 

Votre créativité vient de vos parents. Mais d’où vient cette passion pour la musique ?

De mes parents également. Ils n’étaient pas musiciens mais ils adoraient la musique. Lorsque j’étais enfant, nous écoutions de la musique classique sans arrêt à la maison !

Mais pas de dubstep, j’imagine !

Non, pas de dubstep par contre ! (rires) C’est moi seule qui écoutais du dubstep. Mais ils passaient énormément de musique classique et c’est ce qui m’a donné envie de jouer du violon. Quand j’ai eu 6 ans, j’ai supplié mes parents de prendre des cours de violon.

 

Et si vous aviez pu apprendre un autre instrument, lequel aurait-ce été ?

Je ne sais jouer que du violon mais j’aurais aimé jouer du piano ou de la guitare. Ce sont des instruments chaleureux. Vous jouez et tout le monde chante autour. J’adore ça.

 

Replongeons maintenant dans des souvenirs un peu plus récents. Quelle est la personne la plus incroyable que vous ayez rencontré depuis que vous êtes célèbre ?

J’ai eu la chance de rencontrer Michael Bublé. C’est un peu ma célébrité coup de cœur. C’était vraiment super de rencontrer quelqu’un que j’admire. Il était si charmant, si authentique. Il est aussi très drôle. Aussi merveilleux en vrai que sur scène !

 

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Et pendant la tournée, avez-vous eu l’occasion de vivre des histoires étonnantes ?

Je me rappelle d’une fois où nous étions en tournée aux Etats-Unis. Un couple m’avait envoyé un email pour me parler de leur fille Sarah qui faisait une chimiothérapie. Elle était fan de ma musique et elle était extrêmement déçue de ne pas pouvoir venir à mon concert car elle était à l’hôpital à ce moment-là. Tous ses amis se rendaient au concert et elle était vraiment triste de ne pas pouvoir les accompagner.

Du coup, le matin du concert, je suis allée à l’hôpital avec une de mes amies. J’avais emmené mon violon. Nous lui avons fait la surprise et j’ai joué quelques chansons. Nous sommes restées un moment avec elle. Ensuite, au concert, tous ses amis étaient là, près de la scène et nous lui avons fait une énorme dédicace « Nous aimerions tant que Sarah soit là ce soir ! ».

Puis, je suis repartie en tournée et lorsque nous sommes repassés par chez Sarah pour la tournée, elle était au concert ! Elle avait de nouveau des cheveux et elle allait mieux. Sa chimio avait bien fonctionné. C’était formidable de la voir guérie. C’est une jeune fille si forte ! Je pense que c’est la chose la plus dingue que j’ai vécue pendant la tournée !

 

Pour finir, nous allons faire appel à cette créativité dont vous parliez tout à l’heure. Je sais que vous aimez les jeux de rôle. Cela y ressemble un peu. Nous allons incarner des personnages…

Tout d’abord, imaginons que je sois écrivain et que vous soyez un personnage de fiction. Vous pouvez être la personne que vous souhaitez. Ecrivez votre propre histoire.

Hum, je serais … une jeune paysanne avec des cheveux longs et magnifiques. Je vivrais au Moyen-Age. Je travaillerais dans la boutique de mon père. Je l’aiderais, j’arrangerais toutes les fleurs de sa boutique. Et je pense que je chanterais. Je chanterais des morceaux très heureux et le prince du château voisin m’entendrait chanter. Il viendrait me voir et essaierait de m’impressionner.

Cela se finit par un mariage ?

Bien sûr ! (elle rit)

Ok, j’écris l’histoire et je vous envoie le livre !

 

Maintenant, disons que je suis une jeune musicienne et je veux devenir une star comme vous. Pourriez-vous me donner la clé du succès ?

Beaucoup de choses que j’ai faites étaient clairement stratégiques pour me permettre de faire découvrir ma musique. C’est difficile de commencer de zéro et de se faire connaître. Je dirais que le mot-clé, c’est la « collaboration ». D’abord, créez du contenu dont vous soyez fier et servez-vous en pour obtenir des collaborations. Collaborez avec des artistes un tout petit peu plus connus que vous de telle sorte que vous puissiez partager vos fans ensemble et vous faire grandir mutuellement. C’est l’une des choses qui m’ait le plus aidé à me faire connaître.

 

Excellent conseil ! Effectivement, on n’y pense pas forcément.

D’autre part, vous publiez beaucoup de vidéos rigolotes sur votre chaîne YouTube “Lindsey Time”. Cela vous rapproche de vos fans. Ils vous considèrent comme une amie. Cela a certainement eu une influence sur votre carrière. Où trouvez-vous le temps de créer ces vidéos ? 

C’est clairement un challenge de sans créer du contenu surtout lorsque nous sommes en tournée. Mais j’ai désormais un peu d’aide là-dessus. Il y a quelqu’un qui nous accompagne sur la tournée et qui capture les moments drôles et s’occupe de monter les vidéos donc cela m’aide énormément. Avant, j’essayais de faire des vidéos très élaborées et je ne sais pas si tu as remarqué mais elles sont devenues beaucoup plus simples avec le temps car c’est le seul moyen pour moi d’en produire plus. Je suis d’accord lorsque tu dis que cela crée une proximité avec mes fans car ils se sentent « connectés » avec moi et ils ont la sensation qu’ils me connaissent. Ils sont vraiment loyaux et ils me soutiennent beaucoup. Quand je les rencontre, j’ai l’impression de les avoir déjà rencontrés et ils ressentent la même chose.

 

Si vous deviez  créer un jour férié, pour quel événement serait-ce ?

Je créerais la journée de la beauté où les gens sont supposés célébrer toutes les formes de beauté qui existent. Les médias nous imposent une conception particulière de la beauté alors qu’il y a tant de “belles” personnalités différentes, de styles, de looks. Je pense qu’une journée pour célébrer sa propre forme de beauté et celle des autres personnes pourraient être vraiment sympa.

 

Merci d’avoir répondu à toutes mes questions y compris les plus étranges.

Quand serez-vous de retour en France ? 

Nous reviendrons probablement l’été prochain !

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Retrouvez Lindsey sur son site officiel, sur Facebook et sur Twitter.

Et pour vous procurer l’album de Lindsey, c’est par là :

Entretien avec Lindsey Stirling

 

Un grand merci à David et Sandra pour cette rencontre ! :)